GOINGWEST
Le Webzine du Projet52
Le plein est fait. Les valises bouclées. Je n’ai plus aucun autre choix que de partir. Je suis prête puisqu’il le faut. Il est temps de quitter la Provence ; de suivre la route jusque dans les Alpes. D’habitude, j’adore cela, mais cette fois-ci, je le remarque : le voyage, je le ferai seule. Seule dans une voiture pleine de babioles invendables, pas donnables… dont je n’ai pas pu me séparer.
Les kilomètres défilent, les paysages évoluent. Je m’échappe vers le coeur de la Savoie à quelques battements d’ailes seulement de l’Italie. Un peu plus tôt dans la journée, j’ai déposé le dernier trousseau de clés de la maison, désormais vide. Il nous aura fallu 12 semaines pour éliminer toute trace de notre passage à l’avenue Saint Véran. Les souvenirs sont précieusement gardés dans les esprits ; chacun sa nostalgie. A partir d’aujourd’hui plus rien ne sera comme avant. Mais ça ira mieux demain… Il le faut.
Bourg Saint Maurice est en vue. Les paysages sont familiers et pourtant rien ne ressemble au souvenir monochrome de cet hiver. Chacun des vallons de la montagnes s’est nourri d’un printemps pluvieux. C’est luxuriant. Coloré. C’est beau, c’est doux. ça fait du bien.
Je m’engage sur le parking du camping pour le jour 1 de cette aventure de deux mois et, séparée des emplacements clients par un simple portail en bois, je dépose mes affaires dans une caravane. Entre ces 4 cloisons, je m’apprête à écrire un petit bout de vie. Ce sera mon havre de paix, mon petit chez moi pendant cette saison estivale.
Non pas que j’esquive la vie en communauté, mais j’ai été conquise par l'isolement de ce logement. Pour vivre heureux vivons caché-e-s n'est ce pas?
Très vite on me remet uniforme, badge et clés. Je potasse les dernières recettes, les variantes, les règles d’hygiène et puis… je plonge dans le grand bain. Pizzaiolo, c’est tout un métier, mon gars !
Sam, mon responsable et moi, inaugurons la Roulotte dans laquelle je passerai 42 heures chaque semaine, tantôt à la couvrir de farine et l’éclabousser de sauce ; tantôt à la bichonner et à en nettoyer le moindre recoin.
Tu me connais, c’est pleine d’enthousiasme et de curiosité que j’apprends ce nouveau métier qui vient enrichir mon CV. Le job est fun malgré les 350°C que crache le four. Fun, mais répétitif : il faut être régulier… et si tu me connais un tant soit peu alors tu sais que je m’épanouie dans le changement perpétuel. Ici, pas vraiment de place à la fantaisie. C'est la restauration, c'est comme ça .. Pour toi c'est surement une évidence, mais moi je le découvre un peu plus chaque jour, naïve que je suis ...
D'ailleurs, chaque jour est une nouvelle inconnue, une sorte d'aventure spatio-temporelle qu’il faut apprendre à anticiper. Car vois-tu, notre activité dépend directement de la météo, du programme télé, des arrivés/départs de la semaine… Une soirée c'est 20 pizzas ou 80 ! On ne sait jamais ... L'aventure j'te dis !
Bref, tu l’auras compris, bien plus que de parsemer de l’emmental sur une pâte maison, chaque soir on prend un pari sur l’avenir. En tous cas, le défi de régaler les vacanciers est relevé, jour après jour après jour après jour ...
Et c’est telle une mama italienne que tous les matins j’enfile mon tablier pour préparer la pâte du soir, pour fusionner la sauce tomate et les herbes de Provence ou pour détailler champignons et tomates car ne t’y méprends pas : la Coupe du monde, le Tour de France et les Mondiaux de Kayaks ça attire foule dans les vallées savoyardes !
L’équipe, je ne t'en ai pas encore parlé. Elle est jeune. Les débuts sont timides. Nos parcours sont différents et tu imagines sans peine que nos points d’accroche sont encore "à trouver". Mais toi et moi on sait que les personnalités compatibles se reconnaissent … Alors on y croit, on apprend à se connaitre à vivre ensemble.
Du coup entre les commandes de farine et les stocks d’olives à gérer, à la première occasion mon esprit vagabonde toujours aux frontières de la France. J’attends le mois de septembre avec autant d’impatience que le dernier match de la Coupe du monde. D’ailleurs j’ai passé la matinée à finaliser toutes les démarches administratives et demandes de visas que j’avais mises en attente depuis des semaines. Prête ? je ne l’ai jamais autant été.
Reste à l’écoute, abonne-toi à ma newsletter et garde un oeil sur tes mails car à partir de septembre j’aurai de nouvelles aventures à te raconter depuis l’autre côté de la Terre. Le Projet-52 2019 est symbolisé par la Croix du Sud sur fond bleu-nuit. Comme chaque année, j’ai un fil conducteur pour mon livre photo ; là tout de suite, je peux juste te dire que je retourne aux Etats-Unis et en Nouvelle-Zélande ; que, pour des raisons très personnelles que tu découvriras bientôt, je vais faire un détour par l’Argentine, et que, loin d’en avoir fini avec l’Océanie, j’ai un PVT Australie en poche…
En attendant de te retrouver, fidèle-s lecteur-trice-s, depuis des contrées lointaines et inconnues avec mon appareil photo pour seul compagnon, je termine cette newsletter tard dans la nuit.
Mon jour de repos est terminé depuis moins de 2 heures et je n’ai même pas eu le temps de retrouver les copains Karen et Romain pour partager un moment ensemble. Ce n’est que partie remise !
Après quelques minuscules heures de sommeil, je serai à nouveau la tête dans le pétrin et les mains dans la farine entourée des plus belles montagnes de la Vallée… et, avec un peu d’imagination, je pourrais presque croire que je suis chez moi, dans les Pyrénées!