GOINGWEST
Le Webzine du Projet52
Ici la confiance règne. On se fie à ma bonne foi et la confiance est aussi soudaine qu’infinie. On me confie la garde des enfants. On me remet les clés des voitures : du Ford 4x4 à la petite Suzuki que je peux utiliser à ma guise, mais également celles de la maison familiale de vacances à 100m de la plage qu’on m’invite à investir le temps d’un week-end seule. Un délice.
Stephanie et Bayden m’offrent également des places pour un match de rugby qu’ils ont gagné lors d’un jeu concours mais auquel il ne peuvent pas assister à cause de leurs obligations à la ferme. Et me voici en route pour voir jouer les Highlanders (équipe du Sud de la Nouvelle-Zélande) sur la pelouse du tout nouveau stade de Dunedin, à 2h30 de « la maison ». Au beau milieu de supporters Kiwis, je reprends rapidement mes réflexes de sudiste : c’est qu’entre mes après-midis à supporter l’USFoix et les weekends à travailler aux buvettes du Stadium de Toulouse … j’en ai passé du temps au rugby !
Le match est fou ! Les essais s’enchainent. Le jeu est rapide, net. Quant à l’équipe australienne qui joue en face ce soir, elle se fait laminer par les Néo-Zélandais. Le coup de sifflet marque la fin des 80 minutes de jeu, je remballe mon carton de supportrice que je soulevais fièrement à chaque essai : TIC TAC BOOM !
Dunedin est une ville très art déco que j’ai déjà eu la chance de visiter le mois dernier. En revanche je n’avais pas eu le temps de passer au musée Otago alors je profite de ma visite pour découvrir cet immense lieu de culture, incroyable et très exhaustif sur la Nouvelle-Zélande : ses habitants, sa faune, sa flore, son climat … J’y passe presque 5 heures et j’en apprends des masses sur ce pays qui est le mien depuis maintenant 7 mois.
Le temps passe vite quand on s’amuse n’empêche qu’il est déjà temps de rentrer à la ferme. Une nouvelle semaine m’attend et celle ci sera très spéciale puisque Bayden s’offre son unique semaine de vacances. Il la passera avec deux de ses « mates » (potes) chasseurs dans les contrées perdues du Fiordland. Son objectif : ramener un cerf à la maison. Il me confie vouloir le défier et vivre un vrai combat avec l’animal … alors pas de fusil cette année. Il part avec un très impressionnant arc … et 8 flèches : pas le droit à l’erreur. Réponse dans une semaine, à son retour. Ici avec Steph et leur employé, Ryan, on va gérer le quotidien.
Et quel quotidien : si 18 931 kilomètres nous séparent nous n’avons plus que 10 heures de décalage ! Et oui, nous (les néo-zélandais) nous avons également trafiqué nos horloges et sommes passés à l’heure d’hiver. Oui, l’hiver en avril .. quand je te dis qu’on marche sur la tête !
Déjà que les journées rétrécissent, maintenant que nous avons décalé d’une heure il fait nuit noire quand on se lève ET quand on se couche ! Un vrai plaisir. Tout ça ne serait qu’une parenthèse si, et seulement si, les enfants que je garde n’avaient pas été complètement décalés. En effet, avant le décalage ils se levaient à 7h-7h30 … Aujourd’hui c’est à 6 heures qu’ils sont debout et tout ça pour quoi ? … Pour des économies d’énergie ? Ça me fait une belle jambe !
Bref, tu l’auras compris, ça fait 2 semaines que chaque jour à 6 heures pétantes c’est la croix et la bannière pour sortir de mon lit … et commencer ma journée. Elle commence toujours de la même façon : préparation du lunch box de Zia qui amène son déjeuner à l’école, préparation des petits-déjeuners des enfants puis on enchaine avec le « faisage » des lits des 2 têtes blondes, le lancement des machines de linge, le petit coup d’aspirateur qui va bien et c’est déjà l’heure d’emmener le petit à la maternelle à 20 minutes de la maison.
Les journées passent vite … tellement vite qu’il est déjà (presque) temps de partir. De reprendre la route.
Prochaine étape ? Je n’en ai aucune idée. Ça fait des semaines, des mois que je postule à tout un tas de jobs dans les environs. Mais pas de réponse. C’est rigolo les premières fois … Au bout de 4 mois : beaucoup moins ! Quand j’y pense : lorsque j’étais au Canada je planifiais tout. Tout dans le moindre détail. Pour me rassurer ! Cette année c’est l’aventure et j’ai décidé de ne rien planifier à l’avance. Je vis au jour le jour et je vois ce qui s’offre à moi. En l’occurrence, c’est l’ascenseur émotionnel mais c’est très stimulant … Aussi. Dans tous les cas, c’est une façon différente de voyager. Et d’apprendre qui on est vraiment face à ce qu’on ne maîtrise pas.
Je reste en veille … au cas où une annonce ou un job sympa apparaîtrait sur les différents sites Internet que je suis. J’en saurais plus dans les prochains jours ! Hopefully …
Bayden vient de rentrer. Son visage est marqué par une semaine en pleine nature. Il a dormi dans un sac de couchage sous une moustiquaire et marché des dizaines de kilomètres à la recherche d’un cerf à 8 ou 12 points (tu as compris, on parle de la taille de ses bois). On l’entend garer son pick-up devant la maison. Il entre enfin … « Alors? » - « Non, pas de cerf cette année » nous dit-il. Bon ; ça sera pour une prochaine fois. Une prochaine fois qui arrivera quelques jours plus tard alors que, conduisant son fiston de 4 ans dans les bois, ils croiseront et abattront un cerf à 6 points ; le premier du petit bonhomme. L’animal sera monté et disposé fièrement quelque part dans la maison sous les yeux d’un père pas peu fier … et d’un gamin un peu dépassé … ! Si voyager c’est se confronter à de nouvelles cultures, … je suis en plein dedans.
Cette semaine commence comme toutes les autres … à 6h du matin. Le ciel est encore noir mais dans moins d’une heure il affichera ses plus belles couleurs.
Les enfants se réveillent, pleins d’énergie, comme tous les matins. Stéphanie rentre de la traite, Bayden la suit de près.
Pendant les 2 prochaines semaines les enfants sont en vacances ; la reprise, c’est début Mai et pendant les vacances pas question d’horaires … c’est beaucoup plus détendu alors surprise, Stéphanie me propose de prendre 5 jours de congés et de partir à la découverte d’une partie de l’île Sud ! Tu penses bien que je ne prends pas 2 secondes pour accepter. Je prépare mes affaires, j’ai quelques idées d’endroits que je veux absolument voir et c’est parti : me revoilà au volant de la Hyundai Accent gracieusement prêtée par la famille. Je quitte la ferme. Temporairement.
Etape 1 : Te Anau et les Fjordlands. Je longe le lac de Te Anau, le plus grand de Nouvelle-Zélande et serpente jusque dans de lointains paysages inconnus. Il y a des milliers d’années se trouvaient, à Milford Sounds, d’immenses glaciers. Aujourd’hui les fjords offrent un paysage surnaturel et merveilleux. A bord d’un bateau de la compagnie Mitre Peak pour une croisière de 2 heures je découvre des paysages insolites. Les rayons du soleil illuminent de vertes falaises et des cascades par dizaines éclaboussent le jour. Le ciel est bleu, l’eau turquoise, les lions de mer et même des dauphins sont de la partie .. Bon, tu as compris : c’est merveilleux.
Etape 2 : Queenstown et le lac Moke. Au bout d’une route de gravelle, à seulement 20 minutes de la très TRES touristique Queenstown, je prends mes quartiers au camping du lac Moke. Je m’acquitte des 13$ demandés et organise la voiture pour y passer la nuit. Ça me rappelle mes premiers pas dans mon cher van, tu sais, celui que j’ai vendu il y a plus de 2 mois. Je l’ignore encore mais c’est la nuit la plus fraîche de tout les temps que je vais passer ici. Je m’accroche ! Je dors par toutes petites bribes et renonce finalement à 6 heures. Je mets le chauffage … à fond et prends la route vers le Nord !
Etape 3 : Mont Cook, Aoraki (Perceur de nuage). Le toit de la Nouvelle-Zélande qui culmine à plus de 3700 mètres … et fait (un peu) d’ombre à notre Caillou, le Pic du Midi avec ses 2800 m d’altitude. Le temps est parfait, les alentours plutôt secs, presque arides.
Je croise sur la route des dizaines … Des centaines de campervans, van aménagés, voitures de location et autre caravanes. Les touristes (dont je suis) sont partout. Une photo souvenir, un selfie et ils repartent. Pressés … en vacances, un comble!
C’est pas tous les jours qu’on voit le Mont Cook alors je m’arrête. Je prends le temps de contempler le caillou enneigé. Majestueux au bord du lac Pukaki.
Etape 4 : La plage Koekohe, Moeraki et ses Boulders. De quelques centimètres à plusieurs mètres de diamètre, les rochers ronds de Moeraki sont une énigme scientifique. D’où viennent-ils? Comment leur forme est elle aussi parfaite ? Que font-ils là? La légende Maorie dit que les rochers seraient en fait des paniers à anguilles pétrifiés après l’échouage d’un canoë de pêche. Pour le lecteur cartésien que tu es peut être, les rochers se seraient formés au termes d’une érosion de plus de 60 millions d’années … N’empêche que leurs taille, forme et emplacement demeure un mystère.
Etape 5 : Retour à la ferme … où je fignole ma newsletter.
Dans quelques semaines de nouveaux horizons m’attendent, je ne sais pas encore où, ni quand, ni comment … mais quelque chose se prépare !
Adishatz !